Thés ou boissons détox, compléments détox, cures détox, etc… On ne compte plus les marques ou les pratiques louant les effets « détoxifiants », « purifiants » ou encore « nettoyants » de certains aliments ou cosmétiques sur l’organisme.
Dans le même temps, l’existence de pareils produits et régimes suggère que notre corps serait en proie à certains risques liés à des toxines.
Qu’en est-il réellement ? Qu’est-ce qu’on entend par la notion de détoxification ? Existe t-il une recette miracle qui va permettre à notre corps de se protéger ? Entre réels apports pour la santé et marketing bien huilé, nous faisons le point dans cet article.
Détox oui, mais de quoi au juste ?
L’existence de la détox implique forcément celle de son adversaire : la toxine. Elle puise son origine dans notre environnement, nos habitudes de vie, et même de notre corps. La « toxine » est finalement l’expression usuelle pour les regrouper toutes, même si elles divergent dans leur dangerosité et effets sur l’organisme.
Ainsi, cet ennemi microscopique pénètre chaque jour dans notre corps par le biais des choses que nous mangeons, buvons, respirons ou bien des substances que nous touchons ou appliquons sur notre corps. Nous n’imaginons pas à quel point nous sommes exposés. Les toxines revêtent plusieurs formes et peuvent être classées en deux grandes familles.
Les toxines DITES « exogènes »
Il s’agit ici des toxines issues du milieu extérieur. Le Dr Joseph Pizzorno, médecin et naturopathe et auteur du livre « The Detox Solution », les classe selon 6 catégories :
• Les toxines industrielles, telles que les métaux lourds, la pollution et les radiations libérées par les activités industrielles.
• Les toxines agricoles, telles que les pesticides, les hormones et les herbicides.
• Les toxines domestiques provenant des matériaux de construction, des tapis, de la peinture et des produits de nettoyage.
• Les toxines présentes dans les cosmétiques et parfums.
• Les toxines alimentaires, comme les OGM, colorants alimentaires, arômes artificiels et les édulcorants artificiels.
• Autres produits de consommation toxiques (traitement ignifuge des vêtements, tabac…).
Les toxines dites « endogènes »
Une toxine endogène signifie qu’elle est produite naturellement par notre corps. Ce sont des déchets liées à son métabolisme comme c’est le cas de l’urée (liée à la dégradation des protéines), de l’acide lactique (produite pendant l’effort musculaire) ou encore l’ammoniac (élimination de l’azote du corps). Par ailleurs, il arrive que notre corps produise des radicaux libres qui peuvent avoir un effet toxique. Il est donc particulièrement important d’avoir un système détoxifiant efficace.
Quels sont les effets des toxines ?
Les effets sont aussi variés que la chimie se cachant derrière ces molécules. Selon un réseau d’université Américain, lorsqu’une toxine chimique pénètre dans l’organisme, elle modifie la vitesse à laquelle de nombreuses fonctions clées s’y déroulent. Cette altération peut diminuer l’activité des enzymes, pourtant nécessaires à chaque fonction corporelle.
Dans les cas les plus extrêmes, lors d’une exposition aiguë ou répétée à une toxine, il est même possible que le pronostic soit en jeu. Chacun des effets débute par des perturbations dans la biochimie de nos cellules se répercutant sur leur fonction.
Organes touchés | Symptômes associés |
Nez, poumons, gorge | Irritation, toux, étouffement, oppression thoracique |
Estomac, intestins | Nausées, vomissements, diarrhée |
Reins | Maux de dos, uriner plus ou moins que d’habitude |
Cerveau, moelle épinière | Maux de tête, étourdissements, confusion, dépression, coma, convulsions, perte de mémoire |
Sang | Anémie (fatigue, faiblesse), infections fréquentes |
Peau, yeux | Éruptions cutanées, démangeaisons, rougeurs, gonflements. |
Ovaires, fœtus, testicules | Infertilité, fausse couche, perturbation du cycle menstruel |
Tableau : types généraux de toxicité et symptômes (d’après The Toxine Solution, 2017)
Comment fonctionne la détox ?
Maintenant que nous savons pour l’existence et les effets des toxines, comment le corps s’applique-t-il à en limiter les effets ? En fait, le corps humain est doté d’une capacité innée de détoxification. Elle a lieu grâce à ce que l’on appelle les organes émonctoires.
Au nombre de 5 (peau, reins, poumons, intestins et foie), les émonctoires permettent à l’organisme de se débarrasser des molécules dont il n’a pas ou plus besoin, dont les toxines font partie. Outre son rôle crucial dans le métabolisme, le foie constitue notre principal rempart contre l’action des toxines.
Mais quels sont les mécanismes qui sous-tendent à cette activité ? Les réactions adossées à la détoxification se déroulent selon 3 phases distinctes, chacune permettant de favoriser l’excrétion.
Véritable usine de transformation de molécules, les hépatocytes (cellules du foie) prennent inlassablement en charge les toxines de notre organisme afin de les éliminer en suivant les étapes suivantes :
• La phase 1 est appelée fonctionnalisation et permet de diminuer l’activité des molécules et donc leur toxicité. Les fameuses enzymes cytochromes P450 sont partie prenante de cette étape.
• La phase 2 de la détoxification est appelée la conjugaison et permet de rendre le composé plus soluble dans l’eau et donc plus prompt à être excrété du corps.
• La phase 3 est l’élimination rénale et biliaire du composé.
L’efficacité avec laquelle le foie fonctionne dans ce processus dépend de plusieurs facteurs comme le statut nutritionnel, les prédispositions génétiques ou le niveau d’exposition à la toxine. Le microbiote intestinal semble aussi jouer un rôle sur la détox.
Figure : mécanisme de détoxification du foie
La détoxification peut-elle ne plus fonctionner ?
Pour jouer pleinement son rôle d’organe détoxifiant, le foie doit lui-même être en bonne santé, il en va de même que tous les organes émonctoires. Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la cirrhose induite par l’alcool n’est pas l’unique raison pour laquelle l’activité du foie peut défaillir.
En fait, toutes les maladies chroniques du foie, quelles qu’en soient les causes, peuvent aboutir à une cirrhose conduisant à la perte de fonction hépatique. Par exemple, nous pouvons citer la stéatohépatite non alcoolique (NASH) qui est entraîné par un régime trop riche en graisse et sucre couplé à un manque d’exercice.
Naturellement, même si notre système de détoxification est d’ores et déjà très efficace, plusieurs moyens peuvent être déployés pour soulager notre foie ou l’aider à mieux traiter les toxines endogènes et exogènes.
Ainsi, parmi les techniques disponibles, la “détox” semble parfaitement adapté à ce problème. En provenance d’Outre-Atlantique, cette tendance, considère que le salut de notre corps réside dans notre assiette.
La cure détox : le remède miracle à tous nos maux ?
Bien qu’en vogue ces dernières années, la détox est une pratique qui ne date pas d’hier !
De nombreuses civilisations à travers l’Histoire ont eu recours à ce qu’on assimilerait aujourd’hui à une détox. Chez les Égyptiens, l’un des plus anciens traités médicaux connus (le papyrus Ebers) préconise des solutions apparentés, tandis que les Grecs utilisaient des bains et des saunas pour nettoyer leur peau et éliminer les impuretés.
Aujourd’hui, le concept tel qu’il existe dans le monde occidental est bien délimité et il est possible d’en définir les principaux axes.
La détox : les grands principes
La détox fait régulièrement parler d’elle à certains moments de l’année. Citons comme exemple les changements de saison ou les périodes d’après fête, souvent synonyme de graisses saturées, sucres raffinés ou d’alcool. Ce cocktail met le foie à rude épreuve et peut provoquer l’apparition de graisses dans les cellules hépatiques ce qui entame son activité détoxifiante.
Les régime de base d’une détox inclut des aliments riches en nutriments tels que des fruits et légumes frais, des graines et des noix ainsi que des liquides tels que des tisanes, de l’eau et des jus de fruits et légumes.
Les fruits recommandés pour une détox
• Le citron : aliment détoxifiant par excellence car il est riche en antioxydants et en vitamine C. Il aide également à stimuler la production de bile ce qui facilite la digestion.
• L’ananas : source de broméline, une enzyme qui aide à digérer les protéines. Il est également riche en vitamine C et en antioxydants.
• La pomme : la pomme est riche en fibres solubles. Elle contient également de la pectine, qui aide à éliminer les métaux lourds et les résidus de pesticides.
• L’avocat : l’avocat est riche en graisses saines et en antioxydants. Il aide également à stimuler la production de glutathion, un antioxydant important pour la détoxification.
• La grenade : la grenade est riche en antioxydants et en acides gras oméga-5, qui aident à éliminer les toxines du corps et à réduire l’inflammation.
• Le kiwi : le kiwi est riche en fibres solubles, en vitamine C et en antioxydants, ce qui en fait un excellent aliment détoxifiant. Il aide également à réduire l’inflammation dans le corps.
Les légumes recommandés pour une détox
• Épinards : riches en chlorophylle, en antioxydants et en vitamines. Ils aident à éliminer les toxines et les métaux lourds du corps et contribuent à stimuler la production de glutathion, un antioxydant important pour la détoxification.
• Brocoli : contient du sulforaphane, un composé qui aide à éliminer les toxines du corps. Il est également riche en antioxydants et en vitamines.
• Chou frisé : riche en antioxydants, en fibres et en vitamines.
• Betteraves : les betteraves sont riches en antioxydants, en fibres et en minéraux.
• Carottes : grâce aux bêta-carotènes, la carotte aide à protéger les cellules du corps contre les dommages des radicaux libres.
• Artichauts : l’artichaut contient de la cynarine, un composé qui aide à stimuler la production de bile et à éliminer les toxines du foie.
Les conseils pour une détox réussie
Les règles hygiéno-diététiques
Finalement, une détox permet l’intégration d’aliments plus sains dans votre alimentation. Pour en tirer le meilleur bénéfice, d’autres règles hygiéno-diététiques peuvent s’appliquer pour soulager le foie jour après jour :
• Adopter un régime alimentaire sain : rien ne vaut mieux que la réduction des excès alimentaire, au profit d’aliments peu caloriques et digeste. Des repas équilibrés privilégiant les fruits et légumes de saison, bio, crus ou cuits à la chaleur douce, des céréales complètes…
• Limiter les aliments riches graisses saturées, les viandes rouges et les aliments ultra-transformés.
• Boire suffisamment d’eau : l’eau, sous toutes ses formes (tisanes, soupes, infusions etc.) étant un vecteur d’élimination, il est important de veiller à son apport journalier pour permettre une bonne diurèse.
• Dormir suffisamment et à heure régulière, le ventre pas trop lourd.
• Se débarrasser des mauvaises habitudes : limiter la consommation d’alcool, de tabac.
• Pratiquer une activité sportive : une étude sur des souris suggère que le sport a un effet protecteur sur le foie vis-à-vis des dégâts induits par l’alcool.
Les compléments alimentaires naturels
Comme vu précédemment, l’utilisation de produits naturels pour la « détox » ne date vraisemblablement pas d’hier puisque Théophraste (372-287 avant notre ère) citait déjà l’intérêt du chardon marie et de l’artichaut pour en améliorer ses fonctions. On sait aujourd’hui qu’ils sont tous deux antioxydants et que l’artichaut a des vertus diurétiques. Outre les bienfaits reconnus de la phytothérapie, la Mycothérapie (les champignons) se dote elle aussi de solides arguments pour accompagner le corps sur les problématiques détox.
Le Polypore en Ombelle (polyporus umbellatus)
Des champignons médicinaux sont traditionnellement utilisés pour aider à la « détox » de l’organisme. Par exemple, le Polyporus umbellatus, connu en Chine sous le nom de « Zhu-ling », était déjà considéré dans le premier manuel chinois de pharmacologie, le Shennong Bencao Jing, comme un excellent diurétique et efficace contre les œdèmes.
Le polypore en ombelle est riche en polysaccharides, en triterpènes et en acides organiques, qui stimulent la fonction rénale et augmentent la production d’urine. Cela aide à éliminer les toxines et les déchets du corps, ce qui peut être bénéfique pour la détox.
De même, ces composés bioactifs peuvent contribuer à protéger le foie des dommages oxydatifs et des toxines environnementales.
Le Maitake (Grifola frondosa)
Il a été démontré que l’extrait de Maitake augmente l’élimination des métaux lourds tels que le mercure d’environ 56% in vivo et in vitro. Par rapport aux autres champignons, il présente la plus forte activité de ce type.
Par ailleurs, Il a également été démontré qu’il augmente les niveaux d’enzymes antioxydantes tels que le glutathion (GSH), la catalase (CAT), la superoxyde dismutase (SOD) dans le foie et le cerveau, renforçant ainsi son effet de neutralisation des radicaux.
Pour palier aux manques de littérature sur l’Homme à ce sujet, nous avons réalisé une étude clinique dont l’objectif était d’évaluer la capacité détoxifiante des extraits de Maitake et Polypore. Les résultats montrent une réduction significative des niveaux de plomb, de mercure et de cadmium, ce qui soutient l’effet chélateur des champignons médicinaux.
À partir des enseignements tirés de cette étude, nous avons formulé HIFAS-Detox, une synergie d’extraits de Maitake et Polypore.
Réduire son exposition aux polluants
À l’instar des fameux « gestes barrières » pour limiter la propagation des virus et bactéries, des gestes simples existent pour abaisser notre niveau d’exposition aux polluants, que ce soit dans l’assiette ou à la maison.
Achetez des produits bio, locaux, et saisonniers (en particulier les fruits et légumes fichés sur la « douzaine sale »).
• Soyez viligant concernant l’achat de produits contenant des additifs nuisibles. Pour facilement décrypter les étiquettes des aliments et compléments alimentaires, UFC que choisir a dressé une liste classant les additifs selon leurs risques.
• Lavez-vous les mains avant de manger.
• Laissez vos chaussures à l’entrée pour éviter de polluer vos surfaces.
• Évitez les pesticides, qui sont des produits chimiques toxiques destinés à tuer les insectes ou les mauvaises herbes indésirables. Utilisez des appâts et des pièges plutôt que des aérosols. Évitez d’utiliser des colliers ou des bains chimiques contre les tiques et les puces pour vos animaux de compagnie.
• Vérifiez les prévisions de qualité de l’air (exemple de Paris) : faites de l’exercice le plus loin possible des sources de pollution atmosphérique comme le périphérique et ne faites pas d’exercice les jours de mauvaise qualité de l’air.
Finalement, dois-je réellement faire une cure ?
Les programmes, régimes et cures détox promettant monts et merveilles pullulent sur internet. De durées variables, plus au moins restrictifs, il existe autant de programmes que de sites à en parler.
Au delà de l’intérêt scientifique limité de certaines cures ou régimes, l’intérêt principal d’une détox réside surtout dans sa philosophie. Une personne déterminée à faire une détox est une personne qui a la volonté de prendre en main sa santé. À cet égard, une détox quelle qu’elle soit se révèlera bénéfique.
Pour appuyer cette volonté d’apporter plus de santé au quotidien, les compléments alimentaires à base de Mycothérapie peuvent compléter une alimentation plus saine.
Avant de vous lancer dans l’aventure détox, nous vous recommandons l’encadrement d’un professionnel de santé pour vous aiguiller. Il est possible que cela ne soit pas la réponse la plus appropriée avec vos besoins !
- Haleng J., et al. Le stress oxydant. Rev Med Liege 2007; 62 : 10 : 628-638
- Université Médicale Virtuelle Francophone. Item 228 : Cirrhose et complication. 2008 [cité 23 juin 2022]. Disponible sur: http://campus.cerimes.fr/hepato-gastro-enterologie/enseignement/item228/site/html/cours.pdf [Référence de page web]
- Oregon.gov. Extension Toxicology Network Pesticide Information Profiles. 2002 [cité 23 juin 2022]. Disponible sur : https://www.oregon.gov/ODA/shared/Documents/Publications/PesticidesPARC/ExtoxnetPesticideInfoProfiles.pdf [Référence de page web]
- SNFGE. Stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD/NASH). 2020 [cité 23 juin 2022]. Disponible sur :https://www.snfge.org/content/steatose-hepatique-non-alcoolique-nafldnash [Référence de page web]
- University of California San Francisco. Environmental Health Expert Offers Advice on How to Reduce Exposure to Toxins. 2011 [cité 23 juin 2022]. https://www.ucsf.edu/news/2011/01/103634/environmental-health-expert-offers-advice-how-reduce-exposure-toxins [Référence de page web]
- Szary N. High Intrinsic Aerobic Capacity Protects against Ethanol-Induced Hepatic Injury and Metabolic Dysfunction: Study Using High Capacity Runner Rat Model. Biomolecules 2015, 5(4), 3295-3308.
- L’Association pour la santé environnementale du Québec / Environmental Health Association of Québec. Liste de la douzaine sale de 2021 du groupe de travail sur l’environnement. 2021 [cité 23 juin 2022]. https://aseq-ehaq.ca/liste-de-la-douzaine-sale-de-2021-du-groupe-de-travail-sur-lenvironment/ [Référence de page web]