Vous n’êtes pas sans savoir que la recherche autour du microbiote est incroyablement active. À mesure de son avancée, nous découvrons des implications que nous n’aurions même pas imaginées seulement quelques années auparavant.
On sait aujourd’hui que notre état de santé est étroitement lié à celui de notre microbiote. Son déséquilibre peut être responsable de l’émergence de maladies métaboliques, d’une auto-immunité ou encore de pathologies neurodégénératives.
Le développement de nos connaissances a contribué dans le même temps à l’apparition de produits censés rétablir les déséquilibres constatés : prébiotiques, probiotique, synbiotiques… Tous ayant pour objectif de guider le microbiote (et donc l’hôte) vers une meilleure santé.
Il en résulte que l’offre devient de plus en plus importante et dans le même temps de moins en moins lisible. Comment distinguer ces solutions les unes des autres ? Se valent-elles toutes ? Dans cet article, nous faisons le point sur tous ces concepts, leurs utilités et objectifs. Ont-ils quelque chose de « plus » à nous apporter au quotidien ?
LE MICROBIOTE : UN AMI POUR LA VIE
Avant de rentrer dans le vif du sujet, prenons un peu de hauteur et attardons-nous sur le point commun qui regroupe toutes ces notions : le microbiote.
Véritable arche de Noé (à l’échelle microscopique), le nombre d’habitants qui peuple notre microbiote dépasse l’entendement… il est constitué de plus de 100 trillions de micro-organisme ! À titre de comparaison, les cellules d’origine humaine ne constituent que 10 % du nombre total de cellules vivantes de notre corps, le microbiote représente ainsi les 90% restants ! Même s’il existe grande variété de micro-organismes au sein du microbiote, ce sont les bactéries qui sont les plus fortement représentées.
Par ailleurs, le microbiote est un compagnon de route qui va nous accompagner toute notre vie. Dès la naissance, la vie microbienne commence avec un répertoire de micro-organismes qui évolue et s’adapte aux changements environnementaux. L’importance de la diversité n’est à ne surtout pas sous-estimer, car elle joue un rôle clé dans le bon fonctionnement de notre organisme.
LES RÔLES CLÉS DU MICROBIOTE
Vous vous en doutiez, un microbiote en bonne santé est fondamental pour celle de son hôte. Quand on se penche sur la question, il est plus difficile de trouver une fonction qui n’a pas d’implication avec le microbiote que l’inverse (figure 1).
Vous le comprendrez, en cas de déséquilibres de la flore microbienne, les conséquences peuvent être compliquées à gérer. Ce déséquilibre, appelé “dysbiose“, peut se traduire par des maladies intestinales et extra-intestinales. La dysbiose est d’origine multifactorielle et est causée par l’alimentation, l’utilisation d’antibiotiques ou des infections.
C’est pourquoi il est important de maintenir un équilibre sain de la flore intestinale, ce qui peut être aidé par les prébiotiques, les probiotiques ou les deux combinés (appelés synbiotiques).
PRÉBIOTIQUES, PROBIOTIQUES ET SYNBIOTIQUES
La compréhension approfondie du fonctionnement du microbiote intestinal a conduit au développement de produits très intéressants, tels que les prébiotiques, les probiotiques et des symbiotiques. Tout cela commence à faire beaucoup de « biotique » et il est vrai qu’un consommateur non averti peut s’y perdre. Face à cette offre foisonnante, faisons un rapide tour d’horizon de ces différents produits, de leurs différences et objectifs.
PRÉBIOTIQUES : LA NOURRITURE MIRACLE DU MICROBIOTE
Le terme prébiotique a été utilisé pour la première fois en 1995 pour désigner ” les ingrédients alimentaires non digestibles qui, lors de leur passage dans le côlon, bénéficieront à l’hôte en stimulant sélectivement la croissance et/ou l’activité d’une ou d’un nombre limité de bactéries bénéfiques”.
Plus simplement, les prébiotiques sont des types de fibres alimentaires qui sont conçues pour nourrir ce qu’on appelle les bonnes bactéries qui peuplent naturellement notre système digestif.
Ce sont des substances non digestibles non métabolisées par notre organisme. Au lieu de cela, elles arrivent intact dans le côlon et sont par la suite utilisées par les bactéries bénéfiques qui y vivent.
Le mécanisme d’action des prébiotiques est finalement très simple : en fournissant une source de nourriture aux bactéries, ils favorisent leur croissance et leur survie. Par ce biais, le microbiote se retrouve plus fortement pourvu en bonnes bactéries. En équilibrant la composition de la microflore intestinale positivement, la santé de l’hôte s’en retrouve améliorée.
LES SOURCES DE PRÉBIOTIQUES
On ne se le répétera jamais assez, la première façon de prendre soin de sa santé est de manger sainement ! L’avantage quand on souhaite consommer des prébiotiques, c’est qu’ils ne sont pas vraiment difficiles à trouver. Une alimentation saine, riches en fruits et légumes vous apportera de quoi satisfaire aisément votre microbiote. Pour vous aider à les intégrer facilement à votre diète, en voici quelqu’un connus pour leur action prébiotique
- Légumes verts (comme les épinards, le chou frisé),
- Légumineuses (comme les haricots, les lentilles et les pois),
- Fruits (comme les bananes mûres, les pommes et les cerises),
- Légumes racines (carottes, les navets et les radis),
- Céréales complètes (l’avoine, le quinoa),
- Oignons, ail et échalotes,
- Noix et graines (amandes, les graines de chia et les graines de sésame),
- Produits laitiers fermentés (comme le yaourt, le kéfir et le fromage).
Si vous recherchez précisément les responsables de l’action prébiotique de ces aliments, il faut sortir le microscope pour regarder au niveau moléculaire l’intérieur de ces fibres végétales. Ce sont des glucides complexes appelés les polysaccharides, ces molécules ont la particularité de résister au suc gastrique et de ne pas être digérées par les enzymes intestinales.
Il est important de noter que la quantité de prébiotiques peut varier en fonction du type et de la méthode de préparation des aliments, et que la meilleure façon d’obtenir une quantité suffisante de prébiotiques est d’adopter une alimentation équilibrée et variée.
LES CHAMPIGNONS : SOURCES DE PRÉBIOTIQUES
En tant qu’Expert en Mycothérapie – comprenez la science de l’usage des champignons pour la santé – nous ne pouvions pas vous parler de prébiotiques sans citer les champignons ! Les sporophores (= fruits) contiennent en effet des polysaccharides largement étudiés pour leur action prébiotique.
Les B-D-glucanes des champignons ne sont pas digérés par les enzymes humaines et entrent donc dans la classification des fibres alimentaires. La fermentation colique des polysaccharides de champignons peut favoriser la croissance de micro-organismes bénéfiques pour la santé et diminuer l’abondance de pathogènes opportunistes.
LES PROBIOTIQUES : LES GENTILS HABITANTS DE VOTRE MICROBIOTE
Les probiotiques désignent les souches vivantes de micro-organismes qui confèrent des avantages pour la santé de l’hôte lorsqu’ils sont administrés en quantités adéquates. Ils peuplent naturellement les intestins. Rétrospectivement, c’est le fameux yaourt qui a attiré pour la première fois l’attention sur les bénéfices potentiels des probiotiques.
Appelées bactéries lactiques, elles vont par essence, se servir des glucides apportés par l’alimentation pour les transformer en acide lactique par fermentation. Ce fameux processus est indispensable à leur métabolisme pour fournir à la bactérie l’énergie dont elle a besoin (la fameuse ATP !). Les bactéries probiotiques les plus couramment utilisées appartiennent aux familles Firmicutes et Actinobacteria, telles que les Lactobacillus et les Bifidobacterium.
Aujourd’hui, on sait que les probiotiques jouent des rôles importants dans la santé, que ce soit sur la sphère intestinal bien sûr, mais aussi immunitaire et nerveuse. En maintenant le délicat équilibre du microbiote, les probiotiques sont ainsi liés à une grande variété d’effets bénéfiques.
COMMENT LES PROBIOTIQUES MAINTIENNENT-ILS NOTRE ÉQUILIBRE ?
Le microbiote ne contient malheureusement pas que des bactéries bénéfiques. Quelques-unes, opportunistes, peuvent causer des problèmes de santé lorsque la population de bactéries bénéfiques diminue. Cela peut affecter négativement la santé de l’hôte… C’est là que les bactéries probiotiques entrent en jeu ! Elles vont pouvoir réguler la population de micro-organismes de plusieurs façons :
- Par la production d’acides organiques (je vous le donne en mille : l’acide lactique), qui abaissent le pH de l’intestin et créent un environnement défavorable à la croissance des bactéries nocives.
- Elles produisent des enzymes qui décomposent les substances que les bactéries nocives utilisent pour se nourrir.
- Les probiotiques peuvent se fixer aux parois de l’intestin, empêchant ainsi les bactéries nocives de s’installer et de se multiplier.
- Elles peuvent stimuler le système immunitaire de l’hôte, ce qui renforce la réponse de l’organisme face aux bactéries nocives.
Par tous ces moyens, ces espèces probiotiques sont capables de moduler la population de micro-organismes dans le microbiote intestinal et de contrôler le fonctionnement de l’écosystème du microbiote intestinal.
LES SOURCES ALIMENTAIRES DE PROBIOTIQUES
Vous vous en doutiez avec cette anecdote sur le yaourt, il existe des sources alimentaires de probiotiques !
Il s’agit des aliments fermentés tels que le kéfir, le kimchi, le miso et la choucroute. Tout simplement parce que la fermentation est un processus naturellement opéré par nos amis microscopiques. Comme pour les compléments alimentaires, ce sont les bactéries de types Lactobacillus et Bifidobacterium qui sont les plus couramment retrouvées dans les aliments fermentés.
Tableau représentant les bénéfices des synbiotiques pour la Santé.
Les prébiotiques et probiotiques sont des concepts généralement bien compris du grand public. Cependant, depuis quelques années, nous assistons à l’émergence d’un nouveau type “biotique” destiné à aider notre microbiote : les « synbiotiques ».
Le sens de ce mot-valise, fruit de la contraction de « synergie » et « biotique », signifie un usage concomitant des prébiotiques et des probiotiques. Il ne faut pas le confondre avec “symbiotique“, bien que dans son sens, celui-ci peut aussi tout à fait fonctionner.
Mais pourquoi les combiner ? Tout simplement parce que les scientifiques se sont rendu compte que le couplage “pré/pro” améliore la survie des probiotiques dans notre tractus digestif. Par la suite, les probiotiques s’implantent plus efficacement dans le côlon. Les effets bénéfiques associés sont donc plus importants.
Cependant, pour que l’alliance des deux fonctionne, un synbiotique digne de ce nom doit fournir des prébiotiques favorisant le ou les organismes probiotiques des produits. C’est pourquoi des études cliniques sont nécessaires pour attester de l’efficacité des synbiotiques.
HIFAS DA TERRA : EN POINTE SUR LES SYNBIOTIQUES
En tant que laboratoire de biotechnologie spécialisé en Mycothérapie, nos recherches ont pu mettre au jour que les champignons constituent de parfaits candidats pour le développement de produits synbiotiques.
Nous avons en effet pu constater que l’action prébiotique des champignons permettait le développement spécifique de souches probiotiques, et cela naturellement lorsque les extraits fongiques sont en phase liquide ! Une action synergique se produit donc naturellement entre champignons et probiotiques.
C’est ainsi que nous avons développé la gamme de produits Mico-Onco Care combinant l’action de souches probiotiques d’intérêt pour la santé (Lactobacillus plantarum et Lactobacillus brevi) au pouvoir prébiotique des champignons.
Pour attester des bienfaits, nous conduisons des essais cliniques sur des pathologies lourdes (cancer du sein, cancer colorectal) qui vont notamment évaluer l’amélioration de la composition du microbiote.
CE QU’IL FAUT RETENIR
- Les probiotiques, prébiotiques et synbiotiques présentent de nombreux bienfaits pour la santé intestinale, immunitaire et neurologique.
- Une alimentation, saine et variée, permet de vous apporter prébiotiques et probiotiques naturellement.
- Les organismes probiotiques sont essentiels au maintien de l’équilibre du microbiote.
- Les prébiotiques, grâce à leurs actions bénéfiques sur les probiotiques vont aussi soutenir le microbiote.
- Les champignons, riches en polysaccharides, dénotent par leur forte activité prébiotique.
- Le développement de formules synergiques contenant à la fois des souches bactériennes appropriées et des prébiotiques synergiques constituent une formidable opportunité dans l’accompagnement de pathologies.
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