La médecine intégrative : un aspect essentiel des soins patients

La médecine alternative ou intégrative est une approche holistique des soins de santé. Nombre de ces techniques sont utilisées depuis des siècles dans de nombreuses cultures différentes. Aujourd’hui, de plus en plus de recherches suggèrent que les thérapies intégratives ont beaucoup à offrir aux patients. Notamment en matière de traitement et de réadaptation et sur la promotion du bien-être en général.

Cette médecine s’adapte à ceux souhaitant mieux appréhender leur nutrition, leur forme physique, leur stress et leur environnement. Bien sûr, elle est conseillée aussi pour les personnes souffrant de maladies chroniques.

L’origine des thérapies intégratives

Bien que la valeur des approches holistiques soit de plus en plus reconnue, elle a longtemps été négligée en raison des dogmes de la médecine occidentale. Naturellement, les origines de la médecine sont profondément ancrées dans les croyances religieuses et philosophiques d’une culture. Il en va de même pour les pratiques allopathiques occidentales, dans les années 1600, la philosophie des Lumières a considéré l’esprit comme distinct du corps. Cela a ouvert la voie à une vision réductrice de la médecine, qui consiste à réduire le corps à ses parties constitutives pour mieux comprendre l’ensemble.

Ce n’est qu’au cours des dernières décennies que les praticiens de la santé ont tenté de “réunir” conceptuellement le corps et l’esprit et de mieux les comprendre comme un système global. Autrement dit, les thérapies médicales et intégratives travaillent en tandem pour comprendre comment la santé mentale, la nutrition, les choix de mode de vie, l’immunité et la santé physique se croisent. Les principes de base de la médecine intégrative comprennent un partenariat entre le praticien et le patient, avec l’utilisation appropriée de méthodes conventionnelles et alternatives pour améliorer la réponse de guérison innée du corps. Nous étudions ici les arguments en faveur de la médecine intégrative, en ce qui concerne le bien-être des patients et la santé publique. 

Quelles sont les thérapies incluses dans la médecine intégrative ?

Selon la définition fournie par le NCCIH (National Center for Complementary and Integrative Health) : “la plupart des thérapies intégratives appartiennent à l’un des deux sous-groupes suivants : produits naturels ou pratiques de l’esprit et du corps“. Il peut s’agir d’interventions en matière de nutrition, de compléments naturels, d’homéopathie, de médecine psychocorporelle, de changements de mode de vie, de physiothérapie ou de conseil. Il existe également une variété de pratiques de systèmes entiers qui proviennent d’autres cultures, comme nous l’avons évoqué dans l’introduction. 

La médecine ayurvédique et la médecine traditionnelle chinoise en sont des exemples.

Les approches holistiques intègrent de nombreuses thérapies intégratives. Par exemple, les thérapies corps-esprit comprennent la méditation, la pleine conscience, l’imagerie guidée, la musicothérapie, la thérapie par les arts créatifs, l’hypnose, le yoga, le tai chi et le qigong, entre autres pratiques physiques et spirituelles. Parmi les autres exemples, citons les thérapies physiques manipulatives, les massages et la chiropractie, ou les pratiques basées sur l’énergie comme le reiki. Parmi les exemples de compléments alimentaires ou de produits naturels figurent les antioxydants, les mégadoses de vitamines, les régimes alimentaires spécialisés, les champignons et les herbes médicinales.

Existe-t-il des preuves d’efficacité de ces thérapies ?

Il existe de plus en plus de preuves que ces deux catégories de médecine intégrative présentent des avantages pour les patients souffrant de maladies chroniques.

Par exemple, une étude menée en collaboration par l’Université de médecine chinoise de Pékin, l’Institut chinois de médecine sportive et l’Université de Sydney a montré que le qigong peut améliorer la capacité aérobique cardio-pulmonaire, la condition physique et la densité minérale osseuse chez les patients souffrant d’une maladie cardiovasculaire stable (MCV) [1]. Bien que l’on ait tendance à mettre l’accent sur le régime alimentaire et la nutrition dans le traitement des MCV, plusieurs études ont également été menées sur les thérapies intégratives corps-esprit. 

De même, des recherches convaincantes émergent sur les bienfaits des produits naturels. La mycothérapie est un domaine particulièrement intéressant. Par exemple, des chercheurs de l’université normale de Pékin et de l’université baptiste de Hong Kong ont récemment mené une étude à grande échelle sur les effets de certains champignons comestibles sur le microbiote intestinal de patients souffrant de troubles intestinaux chroniques. Les résultats ont été remarquables : il a été démontré que même des variétés comestibles courantes comme le champignon de Paris augmentent la diversité microbienne et stimulent une réponse inflammatoire locale. Parallèlement, on a constaté que des variétés traditionnellement médicinales, comme le champignon Chaga, modifiaient positivement la flore bactérienne et prévenaient les infections virales [2]. 

Science intégrative et champignon

De nombreuses espèces de champignons se sont également révélées être une source précieuse de composés bioactifs naturels tels que des bêta-glucanes, des terpénoïdes, des vitamines, des minéraux, des protéines et des prébiotiques. Ces composés ont montré un impact positif sur la santé mentale et physique des patients.

Dans une étude menée au département de psychologie clinique de l’université Bunkyo de Kyoto, 30 femmes ont reçu au hasard des biscuits contenant de la poudre de champignon H. erinaceus ou un placebo pendant quatre semaines. On leur a ensuite demandé d’évaluer leur humeur à l’aide de l’indice de plaintes indéfinies (ICI) et de l’échelle de dépression du Center for Epidemiologic Studies (CES-D). Dans le groupe ayant pris l’extrait de champignon, chacun des scores CES-D et ICI après la prise était significativement plus bas que le précédent, ce qui indique un impact positif sur le bien-être émotionnel des patients [3].

Qui peut bénéficier des thérapies intégratives ? 

Un professionnel des Santé qui propose des thérapies intégratives se concentre sur l’ensemble du corps, par opposition aux plaintes apparemment séparées et spécifiques à un organe. En prenant en compte toutes les variables susceptibles d’avoir un impact sur le bien-être du patient, telles que son environnement, son activité, son bien-être émotionnel et son mode de vie, le praticien peut obtenir une vision globale de sa santé. Il offre ainsi une perspective plus approfondie de l’état actuel du patient et de sa santé physique globale.

Contrairement à la médecine allopathique, la médecine intégrative se concentre sur la prévention, ce qui la rend adaptée à une grande variété de patients, ou même à ceux qui souhaitent maintenir une santé optimale. La médecine intégrative est donc particulièrement utile pour les personnes souffrant de maladies chroniques telles que le diabète, la sclérose en plaques, l’arthrite, l’asthme et certaines maladies virales comme l’hépatite C et le VIH. En effet, ces thérapies renforcent la capacité innée du corps à guérir, en utilisant des modifications du mode de vie, la médecine corps-esprit et l’éducation du patient pour gérer la maladie.

Des études de cas particulièrement intéressantes sur la médecine intégrative proviennent de l’oncologie [4]. Les patients en oncologie ont des besoins uniques en raison des pressions physiques et émotionnelles du cancer et de son traitement. Par exemple, la chimiothérapie affecte chaque patient différemment et les effets secondaires peuvent être chroniques. Par conséquent, les thérapies intégratives sont fréquemment utilisées pour compléter le traitement allopathique. Elles permettent souvent d’atténuer les effets secondaires, tels que la douleur, la dépression, les nausées, la fatigue, l’hépatotoxicité, les altérations cutanées ou la leucopénie (déficit en globules blancs).

aide de la famille médecine intégrative

En soutenant la capacité de régénération de l’organisme, les effets secondaires de la chimiothérapie sont réduits et, dans certains cas, l’efficacité du traitement est renforcée. Par exemple, selon des données cliniques préliminaires sur l’utilisation du champignon Maitake comme adjuvant à la chimiothérapie, les patients ont reçu soit des comprimés contenant la fraction D de Maitake avec la poudre entière, soit les comprimés de Maitake en même temps que la chimiothérapie. 

Selon les chercheurs, “les résultats suggèrent que les cancers du sein, du poumon et du foie ont été améliorés par le Maitake, mais il était moins efficace contre les cancers des os et de l’estomac ou la leucémie.” Les meilleurs taux de réponse ont été obtenus en combinant le Maitake et la chimiothérapie, où ils soulignent “qu’il faut cependant noter que la plupart des patients sous traitement au Maitake ont revendiqué une amélioration des symptômes généraux, même si la régression de la tumeur n’a pas été observée”. Divers effets secondaires de la chimiothérapie tels que la perte d’appétit, les vomissements, les nausées, la perte de cheveux et la leucopénie ont été améliorés par 90% des patients [5].

Médecine intégrative et la “Big Picture”

Il est certain qu’il existe un grand nombre de preuves que la médecine intégrative est bénéfique pour les patients individuels. Il existe également des arguments solides en faveur de son adoption par la médecine conventionnelle. En effet, l’augmentation du coût des soins de santé est un défi pour le gouvernement. En France, la santé représente 11,3 % du produit intérieur brut. Cette tendance devrait s’accélérer en raison du vieillissement de la population et de la prolifération des maladies chroniques.

En raison de la gravité de ce problème, les décideurs politiques subissent une pression croissante pour le résoudre. Une option qui suscite un intérêt de longue date est celle des soins préventifs, c’est-à-dire les pratiques qui empêchent ou retardent l’apparition de maladies chroniques. Ces protocoles préventifs sont largement couverts par la médecine intégrative, notamment en ce qui concerne les changements de mode de vie et la promotion du bien-être. De même, en gérant la gravité des maladies, telles que le cancer et les maladies cardiovasculaires, les praticiens de la santé peuvent réduire la pression sur les systèmes hospitaliers.  

Les avantages de la prévention pour la santé sont clairs, comme nous l’avons souligné ci-dessus. Mais aujourd’hui, les experts politiques avancent l’argument économique selon lequel la prévention est rentable. En 2008, The Trust for America’s Health a indiqué que les programmes de prévention pourraient permettre au pays d’économiser plus de 16 milliards de dollars par an en cinq ans, soit un rendement de 5,60 dollars par dollar investi [6].

Le présent et le futur de la médecine intégrative

Le présent

Il est de plus en plus évident que la médecine intégrative peut atténuer – et dans une certaine mesure, traiter avec succès – de nombreux symptômes de maladies chroniques par des moyens efficaces, sûrs et bénéfiques pour la santé. La médecine intégrative ne rejette pas la médecine conventionnelle et n’accepte pas non plus les médecines alternatives sans esprit critique. Au contraire, elle reconnaît qu’une médecine efficace doit se fonder sur une recherche scientifique solide, ouverte aux nouveaux paradigmes, aux solutions naturelles et aux méthodes moins invasives lorsque cela est possible. Cela ouvre la médecine aux concepts plus larges de bien-être et de protocoles préventifs, ainsi qu’au traitement des maladies. 

De même, ces thérapies présentent des avantages considérables en termes de financement des soins de santé. Grâce à des traitements préventifs et rentables qui favorisent le bien-être général, les professionnels de la santé peuvent fournir des traitements qui maintiennent les patients en bonne santé au quotidien. En outre, la médecine intégrative est particulièrement prometteuse pour réduire le fardeau des maladies chroniques pour les individus et leurs proches.

Le futur

Par conséquent, les thérapies intégratives sont en train de devenir une partie essentielle de la médecine traditionnelle. Ces thérapies complémentaires apparaissent de plus en plus fréquemment dans les centres de santé, les cliniques et les hôpitaux universitaires. En France, des instituts et diplômes universitaires spécialisés commencent à voir le jour, d’autant plus que la demande du public ne se fait pas démentir. Chez Hifas da Terra, nous sommes ravis de voir cette reconnaissance dans tous les pays d’Europe. 

Cela signale une évolution vers une approche plus pluraliste de la médecine qui place le bien-être du patient au centre de la pratique. En proposant le plus large éventail possible de traitements, les professionnels de la santé peuvent défendre une approche holistique de la médecine qui prévient, gère et atténue les symptômes, tout en favorisant le bien-être général. Cela ne se traduit pas seulement par une meilleure qualité de vie pour les patients, mais aussi par des systèmes de soins de santé plus efficients, plus efficaces et plus résistants

  1. Zhao, F., Lin, Y., Zhai, L., Gao, C., Zhang, J., Ye, Q., … & Liang, C. (2018). Effects of cardiac rehabilitation qigong exercise in patients with stable coronary artery disease undergoing phase III rehabilitation: A randomized controlled trial (with video). Journal of Traditional Chinese Medical Sciences, 5(4), 420-430.
  2. Jayachandran, M., Xiao, J., & Xu, B. (2017). A critical review on health promoting benefits of edible mushrooms through gut microbiota. International journal of molecular sciences, 18(9), 1934.
  3. Nagano M, Shimizu K, Kondo R, Hayashi C, Sato D, Kitagawa K, Ohnuki K (2010) Reduction of depression and anxiety by 4 weeks Hericium erinaceus intake. Biomedical Research 31, 231-237.
  4. Mao JJ, Palmer CS, Healy KE, Desai K, Amsterdam J (2011) Complementary and alternative medicine use among cancer survivors: a population-based study. J Cancer Surviv: Res Pract 5(1):8–17.
  5. Nanba H. Maitake D-fraction: healing and preventive potential for cancer. J Orthomol Med 1997;12:43-49.
  6. Woolf SH, Husten CG, Lewin LS, Marks JS, Fielding JE, Sanchez EJ. The economic argument for disease prevention: distinguishing between value and savings. Washington, DC: Partnership for Prevention; 2009.
  7. Levi J, Segal LM, Juliano C. Prevention for a Healthier America: Investments in Disease Prevention Yield Significant Savings, Stronger Communities. Washington, DC: Trust for America’s Health, 2008.
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