L’acide gamma-aminobutyrique, couramment raccourci en “GABA”, est un acide aminé très commun dans les neurones du cerveau. On le retrouve ainsi dans de fortes proportions dans différentes régions cérébrales où il agit comme neurotransmetteur.
On lui prête un rôle d’inhibiteur chez l’adulte, c’est-à-dire qu’il a tendance à freiner la transmission des signaux nerveux. Ce messager calme les neurones et protège notre cerveau contre la surcharge de stimuli. Cet effet a notamment permis de faire le lien entre le GABA et la réduction du stress et l’amélioration du sommeil.
En plus d’être synthétisé au sein même de notre organisme, on le retrouve naturellement dans de nombreux aliments végétaux et animaux. Le GABA est aussi largement utilisé dans l’industrie nutraceutique pour supplémenter son alimentation.
Dans cet article, nous passons en revue la biologie, les sources et les rôles de ce neurotransmetteur ainsi que son intérêt en tant que nutraceutique.
Qu’est-ce que le GABA ?
L’histoire de l’acide gamma-aminobutyrique ou GABA débute en 1949 par sa découverte chez les plantes puis dans le cerveau de mammifères et animaux l’année suivante. Depuis, la recherche n’a de cesse d’étudier son métabolisme et ses nombreux rôles dans notre organisme.
Car oui, l’acide gamma-aminobutyrique est un acide aminé avec un rôle de neurotransmetteur, c’est-à-dire qu’il est produit à l’intérieur des neurones et permet la transmission de l’influx nerveux. Il s’agit du premier neuromédiateur inhibiteur du système nerveux central. Il est présent dans toutes les zones du cerveau et est actif sur environ 30 à 40 % des synapses du système nerveux central (certains portent même ce chiffre à 75 %). À noter que vous entendrez parler du GABA en tant qu’excitateur mais uniquement au stade de développement embryonnaire.
Comment fonctionne le GABA ?
Dans le système nerveux, le GABA nouvellement synthétisé est emballé dans des vésicules synaptiques, puis libéré dans la fente synaptique pour diffuser vers les récepteurs cibles sur la surface postsynaptique.
Car pour fonctionner, comme tous les neurotransmetteurs, le GABA dépend d’un ou plusieurs récepteurs pour se fixer et entraîner son effet ; dans le cas présent, il existe deux récepteurs (GABAa et GABAb) dont le fonctionnement diverge mais qui aboutissent tous deux à une inhibition de la neurotransmission lorsque le GABA s’y fixe.
Ce sont des récepteurs dits “ionotropes” (permettant l’entrée ou la sortie d’ions dans la cellule).
Sur la figure, le récepteur (R) et le canal ionique (C) font partie de la même molécule. Le neurotransmetteur (NT), une fois fixé sur cette molécule, ouvre le canal ionique.
Illustration des mécanismes des récepteurs GABAa & GABAb (adaptée de E. Bacon et F. Viennot, 1990)
Mécanisme et synthèse du GABA et sources alimentaires (d’après pensersante.fr)
Un lien avec le microbiote ?
L’un des champs de recherche les plus actifs de ces dernières années porte sur l’axe intestin-cerveau (ou Gut-brain axis en anglais). C’est le domaine d’étude qui fait le lien entre les centres émotionnels et cognitifs du cerveau avec les fonctions intestinales périphériques.
Des travaux ont ainsi permis d’appréhender le rôle joué par le microbiote sur la production du GABA. En effet, la prestigieuse revue Nature relate que la production de GABA par une bactérie permettait de réduire la douleur en agissant sur les neurones sensitifs du ventre. Un autre article, publié dans cette même revue, a révélé la présence d’un lien entre la dépression et l’abondance relative de bactéries qui synthétisent et dégradent ce neurotransmetteur.
D’autre part, quand on connaît la propriété prébiotique dont disposent les extraits de champignons, et le rôle bénéfique de ces composants sur le développement des bactéries intestinales, nul doute que les futures recherches sur la Mycothérapie et le microbiote s’annoncent pour le moins passionnantes.
Passer par une meilleure compréhension de cet axe permettra à l’avenir de comprendre comment le microbiote peut affecter l’humeur ou provoquer des troubles cognitifs et proposer des accompagnements adaptés.
L’alimentation : un moyen de prévention utile
Des études cliniques ont montré que la prise de GABA naturelle pourrait aider à freiner les processus de neurodégénérescence, améliorer la mémoire ou bien les fonctions cognitives du cerveau.
Par exemple, une étude a constaté une amélioration des symptômes mentaux pendant la période de la ménopause et pré-sénil tels que l’insomnie et la dépression chez plus de 65% des patientes.
D’autres auteurs ont rapporté que l’administration d’une forte quantité de poudre de GABA naturel (environ 100 mg) raccourcissait significativement la latence du sommeil et augmentait le temps total de sommeil. Bien que sur cette thématique, les preuves sont pour l’heure faibles sur le sommeil et faibles à modérées sur le stress.
Figure représentant l’action préventive du GABA dans des problèmes neurologiques (Dai-Hung N., Thanh Sang V. 2019)
Dans tous les cas, le premier levier de prévention pour se prémunir des problèmes de stress, de sommeil et prendre soin de sa santé cognitive reste de garantir un apport alimentaire suffisant et varié.
En plus d’assurer l’absorption de ces précieux composés, l’alimentation apporte pléthore d’autres molécules bénéfiques pour la santé (ergothionéine, bêta-glucane…). En agissant en amont, il est ainsi possible de limiter les risques de déclarer des pathologies consécutives à un déficit et pouvant conduire à la prise de certains médicaments.
En conclusion…
Ces dernières années ont vu naître l’intérêt de la population pour une prévention active de leur santé. En plus d’une alimentation saine et variée, beaucoup passent maintenant à un niveau de prévention supplémentaire en se supplémentant sous les conseils avisés de praticiens de santé.
Cette volonté est dopée par l’arrivée d’études pointant les avantages pour la santé lorsque certains nutriments viennent s’ajouter à des niveaux supérieurs à ceux d’un régime alimentaire normal, on ne parle plus seulement de compléments alimentaires, mais de nutraceutiques.
Dans le cas du GABA, bien que des faisceaux d’indices montrent que la consommation de complément peut s’avérer intéressante, des essais cliniques étudiant l’efficacité de sa consommation restent à conduire.
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